Osons la bio ! La suite…
Vous avez peut-être signé la pétition « Osons la bio! »
Comme elle s’y était engagée, l’association Bio consom’acteurs a fait parvenir un courrier aux différents candidats à l’élection présidentielle pour les informer de leurs revendications.
Voici le courrier :
Paris, le 29 mars 2012
Mesdames les candidates, Messieurs les candidats à la Présidence de la République,
A ce jour, plus de 40 000 citoyens ont signé la pétition « Osons la Bio ! » jointe1, proposée par l’association Bio Consom’acteurs, la FNAB et Terre de Liens. Plusieurs milliers d’autres la signeront d’ici la date limite que nous avons fixée au 30 avril 2012. Cette forte mobilisation confirme le souhait d’un grand nombre de Français de faire évoluer le modèle agricole vers celui de l’agriculture biologique et révèle leur inquiétude quant aux risques sanitaires et environnementaux de l’agriculture conventionnelle.
En 2011, 40% des Français ont consommé bio au moins une fois par mois, 20% au moins une fois par semaine, 6% tous les jours (près de 4 millions de consommateurs quotidiens). Ces citoyens sont presque unanimes (96%) pour dire qu’ils vont augmenter ou maintenir leur consommation de produits biologiques en 2012. Et plus d’un sur deux est désireux de manger bio hors domicile. Alors que la santé est la deuxième préoccupation de nos concitoyens après l’emploi, l’agriculture biologique fait partie intégrante du paysage alimentaire des Français2. Mais pour répondre à cette demande, la France est obligée d’importer plus de 35% de ses produits bio. Certains fruits et légumes parfaitement productibles sur nos territoires parcourent ainsi inutilement des milliers de kilomètres par camion, par bateau, ou pire, par avion !
Les objectifs fixés pour 2012 par le Grenelle de l’environnement en matière de développement de l’agriculture biologique ne seront pas atteints. Le plan « Agriculture biologique : horizon 2012 » qui visait à tripler les surfaces actuelles cultivées en bio en les portant à 6 % de la surface agricole et à atteindre 20 % d’approvisionnement en bio dans la restauration collective publique de l’État en 2012 se solde par un double échec. Malgré les indéniables progrès en matière de conversion à la bio ces deux dernières années, seules 4% des terres cultivées sont bio, maintenant la France dans le peloton de queue des pays européens en terme de pourcentage de terres bio rapportée à la SAU du pays. Quant à l’objectif d’introduction de 20% de produits bio dans la restauration collective publique, la réalité est consternante, aujourd’hui à peine 2% le sont.
L’agriculture française reste donc toujours largement dominée par des pratiques intensives chimiques qui appauvrissent les terres, consomment de l’énergie en excès, contaminent nos eaux de surface et de source, génèrent des problèmes sanitaires graves maintenant avérés tant chez les agriculteurs que chez les consommateurs, abîment les paysages et portent dramatiquement atteinte à l’autonomie alimentaire des pays les moins développés.
Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, affirme que « l’agroécologie peut doubler la production alimentaire de régions entières en 10 ans tout en réduisant la pauvreté rurale et en apportant des solutions au changement climatique ». Selon des chercheurs du Michigan, une conversion planétaire à l’agriculture biologique produirait jusqu’à 4380 kilocalories par personne et par jour, soit plus que les 2500 kcal/jr nécessaires à un adulte. L’agriculture biologique peut nourrir le monde.
Elle respecte l’eau, les sols, la biodiversité et la santé du vivant et elle a prouvé son efficacité économique et sociale. Elle coûte moins cher que l’agriculture industrialisée, dont les prix ne tiennent pas compte des externalités environnementales, sanitaires et sociales liées à ses pratiques, en plus de stériliser gravement et durablement les terres agricoles.
Aux plus de quarante mille signataires et à leurs familles, nous souhaitons pouvoir apporter votre réponse affirmant ou non votre engagement à soutenir avec force le développement de l’agriculture biologique par des mesures financières, fiscales et d’accompagnements techniques. Aussi nous vous remercions de votre réponse avant le 15 avril à fin de diffusion via nos sites Internet, nos relais locaux, les marchés bios, les AMAP et les nombreux réseaux de commerçants spécialisés qui diffusent la campagne « Osons la bio ! » soit plusieurs centaines de milliers de personnes.
Hugues Toussaint Bernard Astruc
Président de Bio Consom’acteurs, Vice Président de Bio Consom’acteurs
PJ. Cahier propositionnel et pétition. Ces documents sont également disponibles sur
http://action.bioconsomacteurs.org/
Courrier envoyé à :
Nathalie Arthaud,
François Bayrou,
Jacques Cheminade,
Nicolas Dupont-Aignan,
François Hollande,
Eva Joly,
Marine Le Pen,
Jean-Luc Mélenchon,
Philippe Poutou,
Nicolas Sarkozy.
1 La liste complète des signataires de la pétition est consultable au siège de l’association.
2 Source : enquête Agence Bio / CSA